Conférence exceptionnelle avec le Comité Olympique français sur le Japon 2020


 

laurent Goulvestre et le Japon

Préparation aux Jeux Olympiques de 2020 au Japon

Le CNOSF (Comité National Olympique Sportif Français) se prépare pour les jeux olympiques du Japon qui auront lieu à partir du 24 juillet 2020. Préparation physique évidemment pour ses athlètes, mais aussi organisationnelle car déplacer un grand nombre d’athlètes dans des conditions optimales ne s’improvise pas du jour au lendemain. Le Japon est, de plus, très différent de la France et même des autres pays d’Asie en général. Pour mieux comprendre ce pays à fort contraste le CNOSF a organisé des conférences sur la compréhension culturelle de ce pays mais aussi sur les approches Shintoïstes.

Dans ce pays où les coutumes et les rituels sont encore très appliqués, l’expert interculturel Laurent Goulvestre a  expliqué les DOES and DONTS du Japon. En voici, en résumé, les quelques éléments phares que vous pouvez reprendre à bon escient pour comprendre ce pays. Vous pouvez aussi retrouver ces éléments dans son dernier ouvrage : les clefs du savoir être interculturel. Vendu à plus de 10 000 exemplaires !

« L’homme n’ayant absolument aucune défense naturelle face à ses prédateurs, il s’est construit un monde moderne pour devenir plus fort et maîtriser tous les éléments. Les Japonais, privés de toute richesse naturelle sur leur – petit – territoire, semblent avoir fait la même chose dans leur développement économique. En se rendant, de plus, totalement dépendant de son commerce extérieur pour évoluer, le Japon a su construire sa grandeur.

La population Japonaise représente aujourd’hui127 millions d’habitants avec un taux d’urbanisation de 66 % de son territoire et une densité de 340 habitants au km² (trois fois plus qu’en France et autant qu’en Inde). La population est de plus en plus vieillissante (seulement 1,4 enfant par femme contre 2 en France), ce qui traduit des difficultés sur le plan économique et social. La population japonaise devrait diminuer pour n’être plus qu’à 60 millions d’habitants en 2051 ! Le Japon a deux religions principales, le shintoïsme et le bouddhisme. Bien qu’un grand nombre de personnes se disent aujourd’hui athées, la plupart suivent encore des rites et des coutumes shintoïstes et bouddhistes.Soyez curieux et intéressez-vous à ces deux philosophies si vous voulez comprendre le Japon !

La société est basée sur des concepts clefs sociaux qui traduisent les comportements à adopter pour être « en règle » avec les attentes de la société japonaise.

–     On : l’interrelation sociale. L’obligation que l’on doit aux uns et aux autres par le simple fait d’exister et de profiter de tout ce qui nous entoure.

–     Giri : L’obligation du retour. Tout ce que l’on reçoit doit être redonné d’une manière ou d’une autre. Conserver la face c’est trouver le juste équilibre du donner/recevoir envers la famille, la société et l’entreprise. Si telle n’est pas le cas c’est Haji.

–     Haji : la honte. Perdre la face, ne pas être capable d’assumer la situation seul. À ce titre, il vaut mieux nepas employer l’anglais si ses interlocuteurs japonais le parlent mal (et oui, il perd la face en s’exprimant). Il est donc judicieux de se faire accompagner par un interprète que l’on ne regardera pas quand on parlera à ses hôtes.

–     Shibui : on pourrait le traduire par « l’âpreté du goût ». C’est le raffinement derrière les choses qui ont une apparente rudesse ou banalité. Et bien d’autres encore…

Les Japonais aiment l’ordre et la propreté. Ils détestent l’imprévu, les retards et la manifestation ostentatoire des émotions. Ils n’aiment pas non plus voir les autres se moucher, fumer ou encore s’agiter. Si en France, serrer la main pour dire bonjour ou au revoir est très répandu, au Japon, ce n’est pas dans les habitudes. Une simple inclinaison de tête suffit et on évitera tous les contacts à connotation intimiste (taper sur l’épaule, se permettre certaines familiarités avec les femmes). Cependant, les hommes d’affaires japonais sont habitués à serrer la main des Occidentaux et cela ne les gènent en rien lors d’une première rencontre.

La notion de « face »- Chotto muzukashii. Dans l’organisation sociale des Japonais ancestrale, basée sur l’harmonie, la notion de « face » reste très importante. Le « Non » est rarement employé dans les échanges verbaux puisqu’il exprime soit une incapacité à satisfaire une demande (Haji), soit une opposition d’engagement dans une action. Dans certains cas, le fait même de refuser peut être considéré comme une forme d’humiliation insoutenable et c’est la pire des choses qui puissent arriver à un Japonais. Il ne faut donc pas êtresurpris si les interlocuteurs japonais ont une tendance à ne jamais dire « Non », mais plutôt « Oui, je vous ai compris », tout en restant à l’extérieur du sujet, ou encore, Chotto muzukashii : qui veut dire « cela ne sera pas facile » en un mot : non !

La confrontation verbale pour faire avancer les projets et à laquelle les Occidentaux sont habitués dans les échanges de point de vue, fait alors place ici à des propos flous, ambigus et le plus souvent difficiles à cerner. Retenez que les occidentaux avancent par confrontation alors que les Japonais avancent par adaptation.

L’objectif est donc de se contenir dans tous les types d’échanges, même si cette retenue est parfois extrêmement difficile à appliquer compte tenu de l’évidence des faits. Pour cela, il faut appliquer leurs techniques en répondant régulièrement : « C’est intéressant » ou encore « Nous allons y réfléchir » au lieu d’un « Non » brutal qui pourrait mettre fin, de façon anticipée, aux différents échanges. Il ne faut pas non plus poser des questions qui engageraient nos interlocuteurs dans une impossibilité de répondre autrement que par la négative. Si le sujet bloque, il faut en changer et s’arranger pour y revenir par un autre moyen ultérieurement.

Comment refuser sans faire « Haji » à nos interlocuteurs japonais ?

Ne pas blesser son interlocuteur, ne pas lui faire perdre pied surtout devant un groupe de collaborateurs, doit être une préoccupation quotidienne dans toutes les relations d’affaires. Voici quelques astuces pour ne pas faire trop d’impairs :

–      Tout d’abord ne pas le mettre dans une situation complexe en porte à faux vis-à-vis de ses collaborateurs. Le voir en face en face dans ce cas.

–      Ne jamais répondre par « Non » mais plutôt par une phrase du type : « Ce ne sera pas facile de réaliser ce que vous demandez », ou encore « Il m’est difficile de modifier ce point de négociation ».

–      Il est important de justifier votre choix, en impliquant régulièrement la politique d’entreprise ou la direction générale afin de montrer vos contraintes, par exemple : « Malheureusement notre direction générale a changé ses prix cette année » ou encore « Malheureusement notre politique d’entreprise ne nous permet pas de faire ce que vous nous demandez. »

–      Il faut adopter une attitude humble et s’excuser dans le cas d’une incapacité de satisfaire ses interlocuteurs étrangers.

–      Il faut toujours rester courtois et enchaîner sur d’autres sujets pour détendre l’atmosphère.

Il y a bien d’autres choses évidemment mais adopter ces préliminaires sont un bon début et devrait vous permettre de continuer votre chemin avec eux.

Bonne chance !

 

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